Un amour de geek by Luc Blanvillain

Auteur:Luc Blanvillain [Blanvillain, Luc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Premier amour, Informatique, Rivalité, Problèmes familiaux, Rumeurs, Délation
ISBN: 9782259216395
Éditeur: Plon
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

– 24 –

— Je partirai pas tant que tu m’auras pas dit ce qui se passe, répéta Pauline pour la millionième fois.

Il était presque minuit. Elle bâillait aux larmes, épuisée par sa journée, qu’elle avait passée à s’angoisser à cause de ce qu’elle avait révélé le matin à Manon. Sa trahison. Comment avait-elle pu se faire avoir aussi facilement ? En y repensant (et elle y avait repensé à chaque minute de ses huit heures de cours), il était évident que Manon lui avait raconté ce bobard, cette histoire de chômage, pour lui tirer les vers du nez. Elle avait marché. Peut-être à cause de l’inquiétude confuse qui l’habitait depuis que l’autre brute avait jeté ses affaires dans la flaque. Au début, elle s’était dit que ça n’avait pas d’importance. Elle avait racheté les deux exemplaires du Destrier d’argent, reconstitué ses cours, expliqué aux profs qu’elle avait eu un accident. Et comme Pauline était une élève modèle, tout ça n’avait pas eu beaucoup de conséquences.

Apparemment.

Car elle ne s’approchait plus du collège sans une appréhension sourde. Avant, elle y avait sa place, dans le cercle choisi de copines supportables, indifférentes aux menées des pétasses, des pouffes, des fausses blondes et des cagoles. Depuis l’agression, elle ne se sentait plus en sécurité, se concentrait moins facilement, croyait moins aux histoires des livres qu’elle dévorait.

C’était pour ça, sans doute, que Manon l’avait fait craquer si facilement, et livrer le secret qui la liait à son frère.

Aussi, quand Pauline avait trouvé Thomas en larmes devant son écran, partagé en plusieurs fenêtres offrant chacune un jeu différent, elle avait failli avoir un malaise. Il s’était passé quelque chose de grave, et c’était sa faute.

Il n’avait rien voulu raconter. Elle s’était installée dans le fauteuil, sans livre, se contentant de l’interroger, à intervalles réguliers. Il ne répondait pas. Bientôt, un sourire très inquiétant, presque cruel, avait remplacé les sanglots nerveux qui l’agitaient.

Son père était monté le sermonner, parce que le proviseur en personne l’avait appelé pour lui dire que Thomas avait encore séché et que, la prochaine fois, ce serait conseil de discipline, et exclusion.

— Tant mieux, avait répondu Thomas, sans quitter l’écran des yeux.

Et sa voix était si bizarre que M. Poupinel avait lancé un long regard plein de désarroi à Pauline qui le lui avait rendu. Puis il avait quitté la chambre sans même se demander comment Thomas avait récupéré son câble d’alimentation, normalement enfermé dans la boîte en fer.

Ç’avait été pire quand Mme Poupinel était rentrée. Après un bref conciliabule avec son mari, elle était montée dans la chambre de Thomas qui ne lui avait pas dit un mot. Pas un. Pauline l’avait vu se crisper sur sa chaise. Ses omoplates s’étaient contractées, ses phalanges avaient blanchi sur le clavier.

Sa mère n’avait pas osé s’approcher de lui. Après une ou deux questions évasives, elle était redescendue à son tour. Thomas n’était pas allé dîner et Pauline, pour ne pas aggraver la situation, malgré une forte nausée, avait enduré tout un repas seule entre ses deux parents qui essayaient de lui faire dire ce qu’elle savait.

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